Les bannières de procession de l’église Ste Marguerite

Les bannières de procession de Sainte-Marguerite

Les bannières de procession serv(ai)ent de signal de regroupement pour les communautés – paroisse, congrégation, confrérie – lors des rassemblements – procession, pèlerinage, rassemblement diocésain, messe pontificale -. Très en vogue jusqu’au concile Vatican II, elles ont quasiment disparu à l’occasion de la réforme liturgique qui a suivi, mais peuvent s’être maintenues localement, en Bretagne notamment où elles sont sorties pour les Pardons traditionnels.

 

Une bannière paroissiale et une bannière de confrérie

L’église Sainte Marguerite a la chance de présenter une bannière paroissiale et une bannière de confrérie.

– La bannière paroissiale représente à l’avers la Vierge de l’Apocalypse (broderie sur trame de soie crème) surmontée de la citation latine « Monstra Te Esse Matrem » (« montre [nous que] tu es mère » en français) – tirée de l’hymne grégorien « Ave Stella Maris » –  et surplombant le blason du Vésinet ; sur le revers, des éléments de passementerie sur fond crème formant le monogramme « AM » (pour Ave Maria, « Je vous salue Marie » en français), surmonté des mots « Le Vésinet » puis  » Ste Marguerite priez pour nous », et surplombant le blason du Vésinet.

– La bannière de confrérie représente à l’avers, dans une mandorle, la Vierge Marie remettant [la prière] du Rosaire à Saint Dominique (peinture sur soie, rehaussée de fils d’or), encadrée par 4 roses stylisées sur fond crème et surmontant le monogramme « SM » (pour Sainte Marguerite), lequel monogramme est traversé par le glaive de l’exécution de la sainte et la palme du martyre ; sur le revers, des éléments de passementerie sur fond crème formant le monogramme « AM » (pour Ave Maria, « Je vous salue Marie » en français), et surplombant la mention « Paroisse du Vésinet ».

Ces pièces présentent la particularité de réunir plusieurs techniques : broderie, peinture sur tissus, passementerie.

 

Un témoignage du renouveau spirituel de la fin du XIX siècle.

Le choix de représenter la Vierge de l’Apocalypse sur la bannière paroissiale – plutôt que la patronne de l’édifice, Sainte Marguerite – n’est pas neutre ; il s’inscrit dans le renouveau spirituel de la fin du XIXe siècle, qui voit dans la Femme de l’Apocalypse non seulement la Vierge Marie mais aussi la figure de l’Eglise triomphante [des persécutions]. Le pape Léon XIII – qui formula la doctrine sociale de l’Eglise dans l’encyclique Rerum Novarum (1891) – encouragea la pratique du Rosaire dans 11 de ses encycliques.

 

Lors de la réforme liturgique introduite par le concile Vatican II (1962-1965); les communautés paroissiales se dépouillèrent de nombreux objets qui ne correspondaient plus aux « besoins et exigences de l’époque moderne ». Les bannières, à l’usage mal commode du fait de leur poids et de leur prise au vent, furent remisées dans le grenier de l’église Sainte Marguerite. C’est là qu’un paroissien, Amaury de Torsiac (1961-2021), les découvrit, roulées en boule dans la poussière. Avec l’aide de son épouse, il confectionna une hampe et une housse transparente pour protéger les bannières, déjà très abîmées, lors de leurs sorties : rassemblement diocésain de Jambville, messe de Benoît XIV sur l’esplanade des Invalides, cérémonies à la cathédrale de Versailles.

 

Un élément patrimonial fédérateur des énergies.

En 2019, les bannières – propriété de la commune mais dont l’usage est réglé par le curé affectataire de la paroisse Sainte Marguerite – sont confiées à la Société d’Histoire du Vésinet (SHV) qui s’engage à financer leur restauration grâce au produit de la vente du livre « Sainte Marguerite, une église à nulle autre pareille« , un ouvrage collectif à l’initiative du paroissien Benoît Caux et préfacé par Père Marc Boulle, curé de la paroisse. Le maire-adjoint en charge de la culture entame alors des démarches auprès des services départementaux de la Conservation du Patrimoine en vue de leur restauration. Lors du changement de municipalité le projet est porté financièrement par la nouvelle équipe qui contribue en 2020 à hauteur de 35% aux travaux de restauration ; le reste des 25 000€ nécessaires est apporté par le Département des Yvelines.

 

Après deux ans de travail, la restauratrice Claire Beugnot, indique que « vu leur grande fragilité, [les bannières] ne pourront plus jamais être mises debout et devront être présentées à plat, que leur exposition à la lumière est limité à 6 mois par an et que les conditions de présentation doivent suivre un cahier des charges précis ». La construction d’un meuble spécifique  pour accueillir les bannières est alors confiée à l’ébéniste Mathieu Bodéré – qui travailla quelques années au Vésinet avant de s’établir à Maisons-Laffitte –, grâce aux concours financiers de la municipalité, de la Société d’Histoire du Vésinet et de la paroisse.